SEIGNEURS DE QUEANT (1) MARTINSART (????-1250)

On trouve dans les registres de l'abbaye de Saint Aubert des documents qui indiquent que la seigneurie de Quéant appartenait à la fin du XII° siècle à la famille de Martinsart 1200 Amaury de Camblaing vend à l'Abbaye de Saint-Aubert une dîme qu'il tient en fief, à Quéant, d'Eustache Martinsart, seigneur de ce village.

1214 Eustache Martinsart fils ratifie la vente faite par le vassal de son père à l'abbé de St Aubert Barthélémi de Graincourt: "Moi,Eustache, seigneur de Quéant, je fais savoir à tous présents et futurs, comme je l'ai appris par le témoignage légitime de mon très cher père, Eustache, et de mes vassaux, qu'Amaury Camblaing, chevalier, a vendu et mis en possession de son vivant et légitimement, sous le témoignage de ses pairs, toute la partie de dîme sur Quéant qu'il tenait en fief de mon père, du plein consentement de ce même père qui alors était seigneur de Quéant; cette vente fut faite pour que cette part de dîme fût affectée à l'autel de l'église d'Arras en aumône perpétuelle, mais parce que l'église de Saint Aubert de Cambrai, à laquelle appartient l'autel de Quéant a dans la suite et du consentement de l'église d'Arras repris possession de la dite dîme qui avait été affectée à une certaine chapellenie, à la requête de cette église de Saint Aubert , fidèle à la vérité, j'ai ratifié et accepté ce qui de nouveau avait été fait par mon père, comme il a été dit au sujet de cette dîme, et pour que cet acte ait à l'avenir plus de force, j'ai marqué cette page de mon sceau. Fait l'an de l'incarnation de notre seigneur mil deux cent quatorze."

La dîme affectée primitivement à l'autel de l'église d'Arras a été transférée à l'abbaye de Saint Aubert; cette dîme avait été donnée lors de la création de l'évêché d'Arras en 1093, et en compensation, Eustache de Martinsart, qui possédait la dîme du village de Fontaines-les-Quéant, accepte en 1219 la vente faite par Allard, seigneur de Croisilles, à l'église d'Arras de la dîme située sur le territoire de Fontaines, dîme que ce seigneur tient de lui Eustache de Martinsart, et qu'il avait achetée à son homme*, Haluin de Noreuil. Le sceau qui se trouve au bas de la ratification de la vente faite par Amaury de Caimblaing, porte la légende suivante: "SIGILLUM= EUSTACI :DE :MARTINSART (Sceau d'Eustache de Martinsart) entourant un écu sur lequel figure un bras droit portant dans la main une fleur de lys et sur le bras un manipule, accompagné de 7 merlettes en cercle ou orbe. La merlette représentée sans tête ni pattes indique que le chevalier est revenu mutilé de la terre sainte. Le contre sceau porte S:EUSTACI (secrétaire d'Eustache) et une coquille.

Martinsart est un village de la Somme situé à 4 km d'Albert, dont le sol avait été défriché par un 1er maître du nom de Martin et qui formait autrefois une seule paroisse avec Mesnil. Eustache de Martisart était vassal de Jean de Nesle,châtelain de Bruges.

1225 Fondation de l'abbaye du Verger par Jean de Montmirel habitant Oisy; il y installa des religieuses de l'ordre de Citeaux venues de Grand-Camp, auxquelles Baldéric, seigneur de Quéant, avait laissé une rente sur ses biens.

1230 Acte d'affranchissement d'un Quéantais: Eustache de Martinsart chievaliers et sire de Kéans, fait cognute choese à tos cieur kiore sunt et ki avenir sunt, ke je a donné et otrié per Dius et en aulmones , quitement tosjor a segnor Rogiers et à dame Livin sa feme, li signorie et la justice ke je dois avoir et ai en seu mas et en sa maison et a tel don et a tel quitenche comme je fais chi fu messire Alars le prestiers, messire Hue de Pellecorn, messsire Asse mes maire, Pierre de Pronville, Rogiers Grogne mes prévos, Jean Savaris, Hues Savaries, Jehan Cornes mi homes, l'andil incarnation nostre seignor mil et deux cens trente et mois de Mars.

1244 Charte de vente de Hénin à Robert d'Artois signée comme témoin par Renaud de Quéant ,seigneur de Croisilles:"A tous ceux que ces présentes lettres verront, Beaudoin de Hénin chevalier seigneur de Quency, salut: Sachez tous que j'ai vendu ...à Robert comte d'Artois, ma ville d'Hénin et tout ce que j'y possède... Les hommages de Beaudouin du Bois chevalier, de Beaudouin de Noyelles, de Huard de Hénin,de Gérard Prévot, de Jean Couplet, du fief de la Boure, de Robert le Ket, de Villers, celui de Roger de Vaulx... A ma femme Mahaut tout ce que je possède à Dourges et Noyelles....et ma terre de Quency Ont été présents à cet acte Eustache de Neuville, Garnier de Hamelincourt, Robert de Boves, Jacques de Louez, Renault de Kéans, Roger de Sombrain, tous chevaliers, et Nicolas, maïeur d'Arras avec Adam Esturion, homme du comte d'Artois, témoins et juges, et leurs sceaux suivent celui de Beaudouin, le tout fait l'an de grâce MCCXLIV en février."

Le chevalier Renaud de Quéant était, comme l'indique son sceau, seigneur de Croisilles. Il était le fils d'Alard, seigneur de Croisilles et de Fontaines. La seigneurie de Quéant a donc passé, vers la seconde moitié du XIII° siècle, de la famille de Martinsart dans celle de Croisilles qui elle même l'a transmise avec la seigneurie de Fontaines aux d'Havesquerque que nous trouvons seigneurs de Quéant en 1270 d'HAVESKERQUE(1250-1366) En 1270 Les archives de l'abbaye de Saint Aubert mentionnent les accords faits avec le seigneur de Quéant Jean d'Havesquerque relatifs à la dîme et au droit d'afforage (privilège de la vente des boissons) dans la seigneurie de Quéant.

Ce Jean d'Havesquerque est cité dans une lettre de Robert , comte d'Artois datée du 23 octobre 1298, commandant à Renaud Cuniers de prendre à ce seigneur trente moutons pour l'approvisionnement de sa maison et estimés huit livres; en outre, une quittance de Raoul de Fontaines, receveur du comte d'Artois, une somme de 160 livres parisis payée par les hommes de Jean de Quéant et de Pronville. Les d'Havesqquerque, de la grande maison de Hornes, descendant de Jean qui donna aux chanoinies de Notre-Dame de Cambrai des terres qui lui appartenaient, situées à Oedeghen, donation confirmée par ses fils Jean en 1175, Gilbert et Hugues en 1213.

1380: acte de fondation d'un hospital à Quéant.- Messire Jean d'Havesquerque, seigneur de Quéant, de Fontaines-les-Croisilles et de Miraumont, a fondé en 1380, à la réquisition et avec le consentement de l'archevêque de Cambrai au dit Quéant, un hospital pour y recevoir cinq pauvres pélerins artésiens ou picards qui auront la dévotion d'aller à Cambrai (Notre Dame) ou au bourg d'Haspres (reliques des saints Aicard et Hugues exposant dans l'église de la Toussaint à Reminiscere); on leur donnerait le potage, le feu et le couvert, à charge de par les dits pélerins entendre la messe au dit Pronville à la fin de laquelle le curé dirait la prima sabbathi. Pour la fondation et l'entretien d'icelle fondation le dit seigneur d'Havesquerque a donné une maison de Sarsinville avec quinze mencaudées et une boitelée de terre chargées vers sa seigneurie de Quéant d'un denier de rente au jour de Noël, et être tenues en un seul fief de la dite seigneurie en hommage lige à soixante sols parisis de relief au taux de chambellage

Secondement, par le même acte il a fondé dans l'église du dit Quéant outre la rentation de la prose ci-dessus, une messe qui se doit dire la semaine de la quinquagésime la veille du jour des cendres à la rétribution pour le curé de deux razières(166l.) de bled pour chacun an à prendre sur le domaine de la seigneurie du dit Quéant et à l'église deux boisseaux et demi(30 litres) de bled à prendre sur le terrage de Miraumont.

Cette fondation fut confirmée en 1589 par une déclaration de Mathurin de Vieter, lieutenant , du seigneur de Quéant, puis en1603 par le curé Ponche et les plus notables habitants, mais en 1604 elle fut contestée par le seigneur qui prétendit n'avoir plus aucun lien de parenté avec le fondateur. Curé de Quéant, Adrien Benoît plaide pendant les années 1696 à 1699 contre les seigneurs de Quéant pour leur faire payer la fondation Jean d'Havesquerque. Le jugement fut rendu par le bailli et les hommes de fief de la gouvernance d'Arras, et le seigneur (Albert Despretz) fut condamné à continuer le paiement de la fondation.

CREQUI (1366-1575) 1366 acte de mariage de Jean III de Créqui et Jeanne de Fléchin, fille de Jean d'Havesquerque, seigneur de Quéant, et de Jeanne de Moliens; Jean III défendit une des portes de Paris contre les Anglais et mourut en 1373. Les d'Haversquerque avaient promis aux Créqui 300 livres de terre, 6000 florins d'or et 200 florins à leur fille pour l'aveu de son fief, etc...

La famille de Créqui tirait son nom d'un petit village de l'Artois, situé près de Fruges; elle était puissante dès le X°siècle. Les Créqui portaient d'or au crequier de gueules (prunier ou cerisier sauvage avec ses racines et ses branches).

1373 Accord amiable entre Jeanne veuve d'Havesquerque et Jeanne, veuve de Créqui : la dame de Fontaines s'engage à payer 4775 florins d'arrérages, (...) Quant aux 300 livres de terre dont 50 doivent revenir après la mort de la dame de Fontaines, cette dame et ses deux fils donnent à la dame de Créqui leur terre de Quéant les Pronville, manoirs, prés, bois,four, moulin, terrage,dîmes et terres en rentes payées par les censiers, rentiers et autres occupants, le tout pour en jouir pendant trois ans. 1411 Mort de Jean IV de Créqui, fils de Jean III. Son fils Jean V eut plusieurs enfants dont l'un, Arnoult est seigneur de Quéant, il mourut célibataire et sa soeur Jeanne hérita de cette seigneurie qu'elle apporta en dot à son mari Robert de Wavrin. Robert de Wavrin était seigneur de Lillers et sénéchal de Flandre, la terre de Lillers était entrée dans sa famille par le mariage d'Hennebert avec Sara, fille d'Enguerrand, qui fonda, en 1080, l'abbaye de Ham, près de Lillers, lieu de sépulture de la famille. Un Robert de Wavrin épouse en 1326 Alice Quéret; leur fils du même nom fut tué à Rosbeck en 1385 après avoir eu de Marie d'Arleux un fils , Pierre, qui épousa Marguerite de Flandre, fille naturelle de Louis le Mâle. Avec leur fils Robert, qui épousa Jeanne de Quéant et périt avec son propre fils à la bataille d'Azincourt en 1415, s'éteignit la branche masculine des de Wavrin; mais leur nom et leurs armes furent repris par les petits-fils de Béatrix, fille de Robert Devenue veuve (Robert de Wavrin meurt à Azincourt en 1415), Jeanne épouse Guillaume de Lalain et la seigneurie de Quéant revint à Jean VII (ou VIII?)de Créqui puis à son fils François évêque de Thérouanne en 1530 et Antoine, son autre fils, gouverneur de Picardie, (le fils de Jean VIII, Antoine dit le Hardi, seigneur de Pont-Rémy, épousa en 1511 Jeanne de Saveuse, dont il eut une fille, Anne) qui eut de son mariage avec Jeanne de Saveuse ( Jeanne de Saveuse devenue veuve d'Antoine de Créqui, tué en 1525 au siège d'Hesdin épouse Thiébault Ruault, chevalier seigneur de Rion p.191) une fille unique, Anne de Créqui, qui épousa, en 1531, Guillaume du Bellay, qui mourut sans enfants en 1553..et par un cousin de cette dernière, Antoine (1531-1574) dernier évêque de Thérouanne en 1553 (ensuite de Nantes en 1561, d'Amiens où il fut créé cardinal en 1565 par le pape Pie IV.

Centièmes de 1569: (impôt établi en 1569 par Philippe II sur le revenu des propriété bâties, non bâties et des rentes) Par devant Philibert-Pierre, escuyer de Rougemont, bailli de la seigneurie de Quéant en Artois pour le seigneur de Créqui. Croqueret, lieutenant, Jean Desongnies et Pierre Caillet, hommes de fief, assemblés en la cense du dit seigneur de Quéant ont, Jean du Tertre, Charles Caillet, François de Mory et Jean Lenglet le josne, tous demeurant au dit lieu, étant choisis et commis pour recevoir les rapports de toutes les maisons, édifices, jardins, terres à labour, prés et autres biens quelconques compris et gisants en la paroisse du dit Quéant, avec la valeur et rendage de iceux tant occupés par les héritiers viagers que louagiers selon ordonnance de sa Majesté lever le centième de iceux en revenus annuels à l'advenant du denier seize ou dix-huit selon la qualité. Suit le détail des manoirs, terres dont les principaux propriétaires sont: Monsieur le cardinal de Créqui, évêque d'Amiens (136 mencaudées, moulin à vent, cense affermée à Adrien Croqueret), l'abbaye de Saint-Aubert, les Béguines de Cambrai,... le sieur de Beaumont, sire Félix d'Hamelincourt...

En 1569, le seigneur de Quéant est Antoine de Créqui, évêque d'Amiens, fils de Jean IX, époux de Nicole Bournel, mort en 1555, qui avait eu trois fils: Jean, Antoine, et Louis. Antoine mourut en 1574 et laissa les biens de sa maison et ses titres à Marie, fille de l'un de ses frères, qui épousa Antoine de Blanchefort. De la maison de Blanchefort sont sortis les ducs de Créqui et les princes de Poix. Une restitution avait donc eu lieu car la famille de Créqui vendit en1575 la terre de Quéant et de Fontaines les Quéant à BOURNEL e t LE CARLIER (1575-1605) Maximilien Bournel seigneur de St-Léger. Cette vente fut consentie par le roi d'Espagne Philippe II à Anvers le 21/7/1575... "vu que les terres de Fontaines et de Quéant sont situées en frontière... Hugues de Bournel avait épousé Marie de Floury, dame de Saint-Léger, seule héritière des Floury qui avaient possédé la terre de Saint-Léger après les Bauggremetz et les Bercus. M.Bournel n'eut pas d'enfants. La tombe de Marie (morte en 1573) se voit dans l'église de Saint-Léger.

Gabriel de Bournel Maximilien institua pour héritier Gabriel de Bournel son neveu mais donna la terre de St-Léger et de Fontaines les Quéant à Claude de Carvin, fille de Jeanne de Floury,soeur de Marie. 198 26/11/1605: la seigneurie de Quéant passa ensuite à Louis le Carlier, chevalier, seigneur de Masnières, baron de Laprèe, qui la vendit en 1605 à Fourcy Despretz.(cf. acte de vente p.205-207) Le vendeur insiste sur sa qualité de Cambraisien, né dans les possessions espagnoles et ce, pour que la vente de sa terre soit ratifiée sans difficulté, quoique habitant le pays de Boulogne qui appartenait à la France depuis Louis XI, et il affirme par serment n'avoir jamais été naturalisé Français et n'avoir pas à porter les armes pour le roi de France. Lignée Carlier: On trouve un Jean le Carlier, chevalier seigneur de Masnières, vassal du comte de Hainaut, en 1238. Un descendant est seigneur de Messancouture, en1302. Plus tard, un Jean épouse Catherine Carpentier, leur fils Jean épouse Marie de Louverval dont le fils, Louis baron de Laprée, épouse Hiéromette, dame de Regniaume, et meurt à Cambrai,en 1573, laissant un fils portant le même nom qui vendit la terre de Quéant qui provenait de la famille Bournel. Le dénombrement de 1602 donne les fiefs que Louis Le Carlier, seigneur de Masnières, Quéant et autres lieux, tient pour la seigneurie de Quéant en foi et hommage au relief de cheval et armes de noble seigneur, Charles de Gavre, comte de Frézin, baron et seigneur de la ville d'Inchy; cette seigneurie appartenait depuis le 26 novembre 1605 à la famille Despretz, suivant un acte que nous avons détaillé au chapitre précédent.

"Fiefs que je, Louis le Carlier,seigneur de Quéant tiens et adveu tenir en foi et hommage de noble seigneur messire Charles de Gavres, comte de Frézin et seigneur de la ville d'Inchy. ...et contient mon fief ... maison séante au dit village, 22 mencaudées de terre en une pièce,... Christophe Coquet, les hoirs Gillot de Beaugegnies, pour son manoir séant auprès où fallait être le four bannier de Quéant, tenant à la rue de la Maladrerie et au courant des eaux sauvages, Martin Savary pour son manoir de la rue de Beaucamp, Michel Gerson, Pierre de Mory, les hoirs Sacré Bachelet pour l'héritage devers l'hôpital... droits sur le curé de Quéant, Toussaint Caillet..." à suivre... Famille Despretz (1605-1913)


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