1915
Le 5 janvier 1915 des cavaliers parcourent les champs, des factionnaires gardent les chemins, les maisons sont fouillées, le commandant communiquera au maire l'ordre du commandant d'étape de réunir tous les hommes de 16 à 52 ans ; cette liste n'ayant pas été livrée, les hommes reçoivent la défense d'avoir à quitter le village et l'ordre d'avoir à se présenter deux fois par jour à un appel fait par la gendarmerie: seuls trois jeunes gens de la classe 1915 furent envoyés dans l'équipe de travailleurs de Bapaume.
Le même jour parait un ordre recommandant à tous d'avoir à travailler pour la récolte de froments d'hiver; il est interdit de planter des betteraves ; on met du sucre à la disposition des habitants, à raison de quatre-vingts marks les 100 kilos.

Le 7 février les maires de la région furent réunis à Hermies pour un complément de contribution de guerre. Quéant devra verser 3.900 francs et le colonel qui président déclare qu'à défaut de paiement les gendarmes fouilleront les maisons.
Le 15 février la farine blanche et le blé sont réquisitionnés, les allemands fourniront contre argent de la farine de seigle aux trois boulangers du village; cette farine de mauvaise qualité fit un pain détestable.

Le 20 février, on ramasse l'avoine et le cuivre ; on coupe les noyers et châtaigniers, on fixe le prix de la farine de seigle à 50 marks 50. Le 5 mars, on ramasse les pommes de terre, les fers des chevaux, on fait l'inventaire des caves. Le 6 mars, le commandant avise les habitants qu'ils pourront se rendre en France par la Suisse, un seul fonctionnaire habitant le village profite de cette autorisation. Le 10 mars, on enlève les jeunes chevaux de la région qui sont rassemblés à Quéant et partent pour l'Allemagne.
Le 21 mars, les maires de la région se réunissent à Douai pour le ravitaillement. La farine est à soixante-dix-huit marks. Un groupement hispano-américain a établi en Hollande le centre d'un ravitaillement pour le nord de la France et la Belgique. Un comité dépendant de Valenciennes a été créé à Quéant, ayant comme président Monsieur Loth, maire deQuéant ; secrétaire, Monsieur Duquesnes, maire de Chérisy; comme membre, Messieurs Pontrain pour le canton de Croisilles ; d'Herlincourt, pour le canton de Vis; Monsieur Bachelet, pour celui de Vaulx,et Fichaux pour celui d'Oisy. Les marchandises déposées à la fabrique de sucre de Quéant étaient distribués tous les jours, aux communes de la région; on fournissait aux habitants, à des prix modérés , la farine, le sucre, le café, le lard, les légumes secs, le lait condensé, le saindoux. Le premier convoi arriva à Quéant le 7 avril, accompagné par un américain.
Le 13 avril, on expédie en Allemagne les betteraves de la récolte 1914. Le 15 avril, arrivée du 2e convoi de farine.
Les habitants sont obligés de balayer devant leur demeure les trottoirs et la route, le mercredi et le samedi avant douze heure. Les œufs sont réquisitionnés et payés à raison de 15 centimes les deux.
Le premier mai, on marque les chevaux et les bestiaux. Le 4 mai, des soldats allemands sonnent les cloches pour une victoire en Russie. Le 31 mai, la colonne de munitions d'artillerie est remplacés par des boulangers qui font dix mille pains par jour. Le 3 juin, les moutons et leurs bergers partent pour Gomiecourt prêt du front. Les prisonniers russes arrivent pour le travail de la grande batteuse à vapeur venue d'Allemagne.
À cette époque nous avons pu entendre dire un officier " la guerre actuelle est une leçon de modestie " et aux soldats à la suite de leur nouvel échec sur Lorette " Guillaume fabrique la viande de boucherie et Joffre la tue ". Le 25 juin ont tue les pigeons du village.
Le 5 juillet, en recense les volailles, il est défendu de cueillir les groseilles réservées à la troupe, et un habitant ayant coupé ses groseilliers pour qu'on n'y prenne les fruits, attrapa deux jours de prison. Le général commandant le 9e corps interdit la messe le jour du 14 juillet. Le 21 juillet, l'ordre est donné d'avoir à saluer dans la rue les officiers et sous-officiers, (même les soldats).
Le 1 août, ont ramasse les bouteilles vides. Une femme est condamnée à vingt-quatre marks d'amende pour avoir cueilli vingt-quatre épis de blé. Le 4 août, une contribution par habitant est fixée pour l'année 1915 à 35 francs. Le maire en refuse le paiement.
Le 5 septembre, les jeunes gens de 12 à 15 ans doivent se déclarer à la Commandature. Le 6 septembre, la moisson est terminée par les habitants et les prisonniers russes. Le 21 septembre, passe pour la première fois une escadrille de quatorze avions français. On réquisitionne en 21 kg de fruits par jour dans les jardins des habitants.
Le 5 octobre, défense est faite de tuer les poules et on fixe à 36 kg la ration de pommes de terre par habitant et pour six mois.
Le 25 novembre, les allemands sont en alerte à la suite d'une attaque française entre Lens et Arras, cette alerte dura trois jours. Le 29 novembre, des hommes sont réquisitionnés et placés sur la voie de chemin de fer avec un brassard jaune, ils voient ce jour passer des blessés français avec le nouvel uniforme. Les gendarmes fouillent les jardins et ramassent les pommes de terre.
Le 1 décembre, des officiers montrent à leurs soldats des portraits de Guillaume portant la légende suivante: " devant Dieu, je jure que je n'ai pas voulu la guerre ".
On coupe les peupliers autour du village.
Le12 décembre, on enlève soixante-douze vaches, le restant de l'est et réparti entre les enfants et les vieillards. (suite)

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